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 MIMET, PRÉSENTATION HISTORIQUE

 

 

         À Mimet comme ailleurs, l’Histoire commença très tôt, dès la Préhistoire. Ce n’est pas que les terres y soient riches, mais on y est en hauteur : on voit de loin, jusqu’au Ventoux, Lure ou les montagnes du Verdon, jusqu’à la mer, la Sainte-Baume. Et puis, il y avait des sources nombreuses, des forêts, du gibier, des récoltes possibles si l’on s’en donnait la peine. L’air était bon et vif, les chemins presque toujours secs, certains, ceux des crêtes remontent au néolithique, voire plus : on y marche depuis plus de dix mille ans et on y a transporté le sel, l’obsidienne à moins que ce ne soient les contrebandiers du tabac qui les aient utilisés au XIXe siècle...

          Ici, l’histoire est restée longtemps silencieuse, muette ou presque. Les Mimétains, un peu taciturnes, secrets, ne la livraient pas. Des « étrangers » la déchiffrèrent. Pour les passés les plus lointains, il y eut l’infatigable Gérin-Ricard ; à Notre-Dame-des-Anges, ce fut Ferdinand André, on parle de l’Abbé Chaillan. Plus proche de nous, il faut savoir que Courtin, l’homme de la grotte Cosquer, oeuvra, on en reparlera… Pourtant deux Mimétains firent beaucoup. Fin des années soixante-dix, Daumas découvre un oppidum gaulois, murailles, tour, entrée, fouilles de plusieurs cabanes. Début des années quatre-vingt-dix, Veaux publie deux tomes sur Mimet au XVIIIe siècle. Il reste des vides !

          Mais, en 2010, c’est la création et l’ouverture, à la fois, d’un Office du Tourisme et d’une « Maison de la Mémoire » : les brins de l’histoire vont se lier pour répondre aux questions. Pourquoi le Géant, de quand datent les cloches de l’église, pourquoi le chemin de Saint-Sébastien ou le col Sainte-Anne, et l’oppidum, et Château-Bas, que sont le château vieux, la croix du Rey, la ferme de la Tour, la plus ancienne glacière de Provence, un prototype, la première crèche de Provence, l’affaire du carcan, New-Porcelle, et La Diote, quid des lavoirs et fontaines, les vigies et le feu, Notre-Dame-du-Rot, Manjaïre, le Pilon du Roy, la mine invisible, qui est Chaussegros, l’aventure des Moulières, le Moulin d’eau, les Vignes basses… et tant d’autres choses qui sont la trame de ce paysage, sans oublier « le boulanger de Valorgue » !

           Mais place aux textes sérieux, la base de tout ce savoir, à commencer par Masson et son « Encyclopédie des B. du Rh. » de 1931 : une photographie désuète et vraie de Mimet, son Histoire, sa géographie, un temps où Mimet comptait un peu plus de 600 habitants sur la commune, avant la grande ruée !

          La parole est à Gérin-Ricard !

 

          1) Un peu d’étymologie et un doigt de préhistoire

 

          « Mimitis (1022 et 1026), Mimito (1050), Mimeto (1065), Nimitis (1118), Mimitum, Mimittum, Mimetum, Mimeta (du XIe au XIIIe siècle). Mimeto (1490). On a proposé les étymologies suivantes : Montismeta, la borne de la montagne ; Mediana meta, la borne intermédiaire qui séparerait Aix de Marseille ; Nemeton, nom d’une divinité gauloise. L’extrémité de la chaîne de l’Etoile, sur le versant de laquelle est située Mimet, offre sur ses deux versants plusieurs grottes ou cavernes avec traces d’habitation : sur le versant S., grottes de N.-Dame-des-Anges, des Moines ; sur le versant N., grotte du Gros-Trou. À l’époque romaine, les villas se trouvaient au pied de la montagne où coulent des sources fraîches. On a découvert en 1820 une inscription en l’honneur de César-Auguste, enchâssée dans les murs de l’église de N.-D.-des- Cyprès. On a retrouvé des vestiges de villa à Peiret, des tombeaux gallo-romains à Castan.

 

          2) Moyen âge, après l’An Mil

 

          La période mérovingienne vit sans doute les moines de St-Victor apparaître dans la région, mais la certitude complète ne nous est donnée qu’en 1022. Au XIe siècle, le pays appartient au comté d’Aix ; son château, situé à 501 m. d’altitude dans une position très forte, date peut-être de cette époque, mais a été fortement remanié et détruit par la suite. Nous trouvons comme noms de seigneurs celui de Guibert de Mimet, celui de son fils Bonfils dans une charte de 1064, en 1119 celui de Vidiamus de Mimet, en 1192 celui de Hugues de Mimet, en 1231 celui de Raymond. Au XIIIe siècle, Pelet d’Esparron-Auriol, seigneur de Roquevaire du chef de son père, est coseigneur de Mimet du chef de sa mère, en 1242 ; il mourut vers 1309 après avoir eu à combattre Hugues des Baux. Son fils Audibert II disposa, par testament, de la partie de Mimet dont il était possesseur, en faveur des religieuses de St-Zacharie. En 1334, l’autre partie de Mimet est détenue par Guillaume de Candolle, dont la fille épousa Pierre Geoffroy, coseigneur de Fuveau. En 1379, les copropriétaires de la seigneurie étaient : Jean de Fuveau et son oncle Raymond, Bertrand et Honoré de Roquefort, Hugues et Monet de Candolle, Catherine de Saint-Marcel. Au surplus, le château et ses dépendances étaient sous la direction du seigneur de Trets pour ¼, de François de Baux par un second quart, du seigneur d’Ollières par les deux autres quarts. La cour y avait droit de cavalcade. Aux XVe et XVIe siècles, le nom des Chaussegros remplaça celui des Candolle à Mimet. Pierre Chaussegros rend hommage pour la terre de Mimet au comte Louis II en 1409 et 1433, Guillaume Chaussegros lui succède en 1478. Une alliance fit passer cette terre dans la famille d’Estienne. Au point de vue spirituel, quoique St-Victor possédât des villas à Mimet dès la plus haute antiquité, le lieu doit être rattaché à l’archevêché d’Aix. Des legs faits aux XIIIe, XIVe et XVe siècles rendirent cette paroisse très riche. En 1251, l’église de Mimet est taxée à 12 deniers. Aussi quand le chapitre d’Aix, ruiné par l’achèvement de la cathédrale, se vit à bout de ressources, il demanda au curé de Mimet d’unir sa paroisse à la mense capitulaire ; le curé abandonna par contrat aux chanoines les « terres, vignes, bois, métairies etc… » composant le domaine du prieuré-cure ; en retour, le chapitre s’obligea à reconstruire l’église et à l’entretenir convenablement (1510). L’état économique en 1200 révèle une population de 190 habitants environ. L’affouagement de 1423 dénote 5 feux et demi.

 

          3) Du XVIe au XVIIIe siècle

 

          A la fin du XVIe siècle, la famille d’Estienne possède Mimet en coseigneurie. Le seigneur Jean d’Estienne Chaussegros, viguier de Marseille, lutta avec ardeur contre les ligueurs. Un de ses petits-fils, Louis d’Estienne, ne laissa qu’une fille qui épousa Charles de Grimaldi, lui laissant la seigneurie de Mimet ; de ce mariage naquit Louis-Sextius de Grimaldi, marquis de Régusse, qui, en 1771, vendit sa seigneurie à Louis-Martin de Gras qui la garda jusqu’à la Révolution. Aux XVIe et XVIIe siècles, la famille d’Agoult posséda des droits de directe, à Mimet. En 1689, l’union de la paroisse au chapitre d’Aix fut résiliée. A la fin du XVIIIe siècle, les habitants avaient la faculté de faire paître leurs troupeaux dans les terres seigneuriales et de prendre du bois pour leur chauffage, en retour de quelques redevances au seigneur. Le nombre de familles de Mimet était en 1728 de 26, pour 20 maisons habitées. En 1776 elle fut taxée à 4/5 de feu. Les armoiries sont : d’azur à trois bandes d’or (qui est d’Estienne) au chef d’argent chargé du mot Mimet en majuscules de sable.

 

          4) La révolution

 

          La vente des biens confisqués en exécution de la Constitution civile du clergé ne rapporta que quelques milliers de livres ; les biens du bénéfice de Notre-Dame-des-Cyprès avaient été saisis depuis longtemps par le seigneur, mais le domaine de N.-Dame-des-Anges, appartenant aux Pères de l’Oratoire fut adjugé 116.200 livres (oct. 1795). La commune de Mimet est comprise dans le canton de Gardanne depuis 1790.

 

          5) L’église et Notre-Dame-des-Anges and soon

 

          L’église paroissiale actuelle a été réparée à la fin du XVIIIe siècle, mais certaines parties sont anciennes ; elle renferme une copie de la Transfiguration de Raphaël, un bas-relief en bois sculpté représentant les Disciples d’Emmaüs, une statue en marbre blanc de N.-D.-des-Anges, une balustrade de chœur en fer forgé, style Louis XV, avec deux médaillons, provenant de l’ermitage de N.-D.-des-Anges. Cet ermitage fut fondé vers 1220 par le frère Jean, d’Aix, qui se retira dans la grotte dite Baoumo Vidalo, située à 530 m. d’alt., sur le versant oriental de la chaîne de l’Etoile. L’église est formée par la grotte elle-même, mais agrandie par les ermites. Au-devant une terrasse gazonnée est bordée par les ruines de l’ancien couvent des Oratoriens, qui avaient succédé aux ermites de 1640 à 1790. Au-dessus de la grotte, chapelle aérienne, dite du Paradis. Près de Mimet, ruines de Notre-Dame-des- Cyprès, de la chapelle de St-Sébastien. L’ancien château, encore habité en partie, a la forme d’un hexagone régulier, d’une surface de près de 3000 m2 avec cours à l’E. et à l’O. ; il représente des spécimens du style ogival et du style renaissance dus à des restaurations successives. Mairie construite en 1900, montrant à l’intérieur, une plaque commémorative d’un ancien maire, M. Piston. Les écoles datent de 1880.

 

          6) Papiers

 

          Archives : deux cadastres, de la fin du XVIe siècle et de 1733 ; les délibérations communales remontent à 1660 ; les registres paroissiaux, à 1643. 

 

          7) Une grande commune

 

          La commune a une superficie de 1874 ha ; la chaîne de l’Étoile la divise en deux parties : au S. se trouve N.-D.-des-Anges, au N. le village. Le point culminant, le Puech de Mimet a 754 ha. Tous les torrents du Puech vont au N. se jeter dans le ruisseau de St-Pierre et le Grand Vallat, affluents de l’Arc. La partie méridionale envoie ses eaux au Jarret et à l’Huveaune. »

       

                                       Henri de Gérin-Ricard

 

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