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Copyrith de tous les textes de l'O.T. : Bernard Duplessy

 

MIMET : Histoires et anecdotes historiques

 

          ÉTYMOLOGIE DU NOM DE MIMET

 

        Actes administratifs : Mimitis 1022 et 1026, Mimito vers 1050, Mimeto en 1056, Nimitis en 1118, Mimitum, Mimittum, Mimetum, Mimeta (du XIe au XIIIe siècle), Mimeto en 1490 (cartulaire de Saint-Victor).

         En la matière, le plus souvent, et c'est le cas avec Mimet, on ne peut faire que des suppositions.

        La première :

        Montis meta (borne de la montagne) ou Mediana meta (village accroché à la montagne) ; Mimate, Mimatensis, Nimitis, Mimetum ( tous dérivés du latin ?)

        La seconde :

        Nem (signifierait ciel) et    Nemed, Nemetos, Nemeton (signifierait divinité, temple), d'origine gauloise.

        Or, notre commune garde les traces archéologiques, ou de mémoire, d'un espace sacré nommé nemete chez les Gaulois : voir croquis ci dessous....

       1) Grottes sépulcrales (entre 1000 et 2000 avant J.-C.), dont Manjaïre (mangeur d'hommes, et non anthropophage, c'est la terre des grottes qui mange les hommes) ---> toponyme ayant 3000 à 4000 ans d'existence ! D'une période chamanique ayant précédé la période gauloise qui, elle, a introduit les dieux : survivance de ce toponyme jusqu'à nos jours, pratique "cultuelle" jusque dans les années 1950-60 où on allait à Manjaïre pour la Pentecôte (pique-nique près de la source).

        Pentecôte : l'Esprit Saint est donné à Marie et aux apôtres, 50 jours après la Résurrection (Pâques), il leur permettra de prêcher dans toutes les langues.

        Croyance chamanique : la réincarnation d'un héros (guerrier, chasseur...) après avoir été mangé par la terre.

        ---> liaison avec croyances chamaniques possible !

        2) Notre-Dame du Cyprès, emplacement du cimetière

(chapelle de morts) du Mimet installé autour de la villa

gallo-romaine des Vignes Basses : du 1er au Xe siècle

après J.-C.. Chez les Gaulois, le cyprès est l'arbre

de l'éternité, de l'immortalité : ---> la liaison avec les

croyances chamaniques est possible !

        3) Notre-Dame du Rot, du Rouet, Roure, Rovert ---> le chêne en provençal, arbre de sagesse, de longévité, et de fécondité, de la puissance divine (les dieux), même étymologie pour le Pilon du Roy. ! Autrefois, et avant les incendies du XXe siècle, des forêts touffues de chênes occupaient l'Étoile, les pins se sont étendus après 1850 favorisés par les Eaux et Forêts. Notre-Dame du Rot serait une station préhistorique (roches taillées visibles, avec bancs, caniveaux, citernes, espaces aplanis en plein ciel), une sorte de temple sur ce pointement rocheux  ---> la liaison avec les croyances chamaniques est possible !   

        4) Notre-Dame des Anges, on y parle de serpents, le symbole de Satan chargé de tous les péchés, le tentateur, le luxurieux chez les chrétiens. Ce n'est pas forcément le cas chez d'autres où ils peuvent être fécondité, devins, guérisseurs. Marie-Madeleine, en route pour la Sainte-Baume, les aurait vaincus. Peut-être pas en totalité ! Les errants du coin, charbonniers, braconniers et autres conservaient sans doute quelques pratiques païennes. Les ermites, par l'exemplarité de leur conduite et par l'intermédiaire de Notre-Dame des Anges en vinrent à bout. Éliminant, en l'occupant, avec l'aide de Dieu, celui des chrétiens, ce quatrième point fermant le nemete gaulois.

        Ce dernier ayant recouvert, lui aussi, d'autres croyances antérieures, chamaniques, à la sortie de la préhistoire.

        Dans tous les cas, la liaison avec le monde gaulois et celui qui l'a précédé, le chamanique, est possible ! 

        C'est d'ailleurs H. de Gérin-Ricard qui en forme l'hypothèse en septembre 1903, dans la "Revue de Provence", n° 57, page 137, note 1. Mais sans fournir toute cette argumentation. C'était un historien et un archéologue, inventeur du site de Roquepertuse près de Velaux, et qui vivait près de Peypin.

        Cet argumentaire ne serait pas complet si on oubliait le cabanon de Saint-Joseph (quartier de la Pignatelle). Il se trouve, presque, au centre du nemete. En tout cas, au centre du terroir agricole gaulois.

        Ce cabanon a plusieurs particularités qui sont, en reculant dans le temps :

        1- d'avoir été un centre de réunion de la "libre-pensée" mimétaine, anti-cléricaux, au moins pour quelques uns.

        2- de posséder une frise de drapeaux tricolores sur le mur.

        3- d'avoir abrité, jusque dans les années 1950-60,

une statue de l'archange Gabriel, en bois d'amandier,

polychrome, sans doute du XVIe ou XVIIe siècle. Il n'y

est plus, on ne sait où il se trouve !

        Aucune archive ancienne ou récente, aucun

inventaire ne le mentionne, à notre connaissance. D'où

venait-il ? De l'église de Mimet, serait-il celui de la

crèche de N.-D. des Anges ? En 1644, "prix fait" du sculpteur Étienne Laboissier pour cette crèche : "...et la quatrième [figure de bois] sera ung ange de la longueur (taille) de trois pans..." Un peu plus petit que Marie et Joseph, "quatre pans moingst quart", qui eux, font près d'un mètre.

        Son déménagement aurait pu se faire avec le reste du mobilier transporté à l'église de Mimet, c'est-à-dire à l'été 1793. Il aurait été "remisé" en ce cabanon pendant que tout allait à l'église.

        À moins que ce ne soit l'inverse et qu'on l'ait ramené de l'église, parce que trop abîmé, rongé par les vers ?

        4- Et pourquoi ici, quelle que soit son origine ou le moment où il fut déposé ? Trop grand pour ce petit bâtiment. Et pourquoi les "libre-penseurs" l'ont-ils respecté, ou craint ? Pour sa puissance supposée ? 

        5- Et pourquoi le nom de Saint-Joseph ? Parce que l'ange Gabriel apporte la parole de Dieu, il annonce à Joseph qu'il peut épouser Marie et qu'elle aura Jésus ?

        6- Mais avant ?

        Le cabanon de Saint-Joseph est presque au centre du nemete, à moins de deux cents mètres. À l'époque gauloise, c'est là que se tenait le forgeron capable de fabriquer les meilleures épées, un lieu sacré, protégé des dieux !

        On ne peut rien prouver scientifiquement de tout cela. À part que les grottes sépulcrales existent, même chose pour les autres points examinés. Mais ils ne sont pas muets. Pourtant, Gérin-Ricard en a formé l'hypothèse de départ : simplement, il ne disposait pas des détails regroupés ici.

        Tout cela pour dire que l'origine du nom de Mimet serait bien venue de Nemetos ou nemeto avec évolution vers le toponyme de Mimet, origine gauloise, comme le Puech, ou pic, sommet, lui aussi gaulois.

        Comment est-on passé de Nemeton à Mimitis, seuls les spécialistes de la toponymie peuvent le dire...

        N. B. : le mot "Manjaïre" a lui-même survécu des milliers d'années, jusqu'à nos jours, alors que la pratique et l'usage des grottes sépulcrales ont disparu depuis trois à quatre mille années. Ce mot figue dans le Dictionnaire de la langue provençale de Mistral, avec son sens et son contenu chamanique ! Une survivance inexplicable mais réelle.

        

           MIMET, PRÉSENTATION HISTORIQUE

         À Mimet comme ailleurs, l’Histoire commença très tôt, dès la Préhistoire. Ce n’est pas que les terres y soient riches, mais on y est en hauteur : on voit de loin, jusqu’au Ventoux, Lure ou les montagnes du Verdon, jusqu’à la mer, la Sainte-Baume. Et puis, il y avait des sources nombreuses, des forêts, du gibier, des récoltes possibles si l’on s’en donnait la peine. L’air était bon et vif, les chemins presque toujours secs, certains, ceux des crêtes remontent au néolithique, voire plus : on y marche depuis plus de dix mille ans et on y a transporté le sel, l’obsidienne à moins que ce ne soient les contrebandiers du tabac qui les aient utilisés au XIXe siècle...

          Ici, l’histoire est restée longtemps silencieuse, muette ou presque. Les Mimétains, un peu taciturnes, secrets, ne la livraient pas. Des « étrangers » la déchiffrèrent. Pour les passés les plus lointains, il y eut l’infatigable Gérin-Ricard ; à Notre-Dame-des-Anges, ce fut Ferdinand André, on parle de l’Abbé Chaillan. Plus proche de nous, il faut savoir que Courtin, l’homme de la grotte Cosquer, oeuvra, on en reparlera… Pourtant deux Mimétains firent beaucoup. Fin des années soixante-dix, Daumas découvre un oppidum gaulois, murailles, tour, entrée, fouilles de plusieurs cabanes. Début des années quatre-vingt-dix, Veaux publie deux tomes sur Mimet au XVIIIe siècle. Il reste des vides !

          Mais, en 2010, c’est la création et l’ouverture, à la fois, d’un Office du Tourisme et d’une « Maison de la Mémoire » : les brins de l’histoire vont se lier pour répondre aux questions. Pourquoi le Géant, de quand datent les cloches de l’église, pourquoi le chemin de Saint-Sébastien ou le col Sainte-Anne, et l’oppidum, et Château-Bas, que sont le château vieux, la croix du Rey, la ferme de la Tour, la plus ancienne glacière de Provence, un prototype, la première crèche de Provence, l’affaire du carcan, New-Porcelle, et La Diote, quid des lavoirs et fontaines, les vigies et le feu, Notre-Dame-du-Rot, Manjaïre, le Pilon du Roy, la mine invisible, qui est Chaussegros, l’aventure des Moulières, le Moulin d’eau, les Vignes basses… et tant d’autres choses qui sont la trame de ce paysage, sans oublier « le boulanger de Valorgue » !

           Mais place aux textes sérieux, la base de tout ce savoir, à commencer par Masson et son « Encyclopédie des B. du Rh. » de 1931 : une photographie désuète et vraie de Mimet, son Histoire, sa géographie, un temps où Mimet comptait un peu plus de 600 habitants sur la commune, avant la grande ruée !

          La parole est à Gérin-Ricard !

 

          1) Un peu d’étymologie et un doigt de préhistoire

          « Mimitis (1022 et 1026), Mimito (1050), Mimeto (1065), Nimitis (1118), Mimitum, Mimittum, Mimetum, Mimeta (du XIe au XIIIe siècle). Mimeto (1490). On a proposé les étymologies suivantes : Montismeta, la borne de la montagne ; Mediana meta, la borne intermédiaire qui séparerait Aix de Marseille ; Nemeton, nom d’une divinité gauloise. L’extrémité de la chaîne de l’Etoile, sur le versant de laquelle est située Mimet, offre sur ses deux versants plusieurs grottes ou cavernes avec traces d’habitation : sur le versant S., grottes de N.-Dame-des-Anges, des Moines ; sur le versant N., grotte du Gros-Trou. À l’époque romaine, les villas se trouvaient au pied de la montagne où coulent des sources fraîches. On a découvert en 1820 une inscription en l’honneur de César-Auguste, enchâssée dans les murs de l’église de N.-D.-des- Cyprès. On a retrouvé des vestiges de villa à Peiret, des tombeaux gallo-romains à Castan.

 

          2) Moyen âge, après l’An Mil

          La période mérovingienne vit sans doute les moines de St-Victor apparaître dans la région, mais la certitude complète ne nous est donnée qu’en 1022. Au XIe siècle, le pays appartient au comté d’Aix ; son château, situé à 501 m. d’altitude dans une position très forte, date peut-être de cette époque, mais a été fortement remanié et détruit par la suite. Nous trouvons comme noms de seigneurs celui de Guibert de Mimet, celui de son fils Bonfils dans une charte de 1064, en 1119 celui de Vidiamus de Mimet, en 1192 celui de Hugues de Mimet, en 1231 celui de Raymond. Au XIIIe siècle, Pelet d’Esparron-Auriol, seigneur de Roquevaire du chef de son père, est coseigneur de Mimet du chef de sa mère, en 1242 ; il mourut vers 1309 après avoir eu à combattre Hugues des Baux. Son fils Audibert II disposa, par testament, de la partie de Mimet dont il était possesseur, en faveur des religieuses de St-Zacharie. En 1334, l’autre partie de Mimet est détenue par Guillaume de Candolle, dont la fille épousa Pierre Geoffroy, coseigneur de Fuveau. En 1379, les copropriétaires de la seigneurie étaient : Jean de Fuveau et son oncle Raymond, Bertrand et Honoré de Roquefort, Hugues et Monet de Candolle, Catherine de Saint-Marcel.

Au surplus, le château et ses dépendances étaient sous la direction du seigneur de Trets pour ¼, de François de Baux par un second quart, du seigneur d’Ollières par les deux autres quarts. La cour y avait droit de cavalcade. Aux XVe et XVIe siècles, le nom des Chaussegros remplaça celui des Candolle à Mimet. Pierre Chaussegros rend hommage pour la terre de Mimet au comte Louis II en 1409 et 1433, Guillaume Chaussegros lui succède en 1478. Une alliance fit passer cette terre dans la famille d’Estienne. Au point de vue spirituel, quoique St-Victor possédât des villas à Mimet dès la plus haute antiquité, le lieu doit être rattaché à l’archevêché d’Aix. Des legs faits aux XIIIe, XIVe et XVe siècles rendirent cette paroisse très riche. En 1251, l’église de Mimet est taxée à 12 deniers. Aussi quand le chapitre d’Aix, ruiné par l’achèvement de la cathédrale, se vit à bout de ressources, il demanda au curé de Mimet d’unir sa paroisse à la mense capitulaire ; le curé abandonna par contrat aux chanoines les « terres, vignes, bois, métairies etc… » composant le domaine du prieuré-cure ; en retour, le chapitre s’obligea à reconstruire l’église et à l’entretenir convenablement (1510). L’état économique en 1200 révèle une population de 190 habitants environ. L’affouagement de 1423 dénote 5 feux et demi.

 

          3) Du XVIe au XVIIIe siècle

          A la fin du XVIe siècle, la famille d’Estienne possède Mimet en coseigneurie. Le seigneur Jean d’Estienne Chaussegros, viguier de Marseille, lutta avec ardeur contre les ligueurs. Un de ses petits-fils, Louis d’Estienne, ne laissa qu’une fille qui épousa Charles de Grimaldi, lui laissant la seigneurie de Mimet ; de ce mariage naquit Louis-Sextius de Grimaldi, marquis de Régusse, qui, en 1771, vendit sa seigneurie à Louis-Martin de Gras qui la garda jusqu’à la Révolution. Aux XVIe et XVIIe siècles, la famille d’Agoult posséda des droits de directe, à Mimet. En 1689, l’union de la paroisse au chapitre d’Aix fut résiliée. A la fin du XVIIIe siècle, les habitants avaient la faculté de faire paître leurs troupeaux dans les terres seigneuriales et de prendre du bois pour leur chauffage, en retour de quelques redevances au seigneur. Le nombre de familles de Mimet était en 1728 de 26, pour 20 maisons habitées. En 1776 elle fut taxée à 4/5 de feu. Les armoiries sont : d’azur à trois bandes d’or (qui est d’Estienne) au chef d’argent chargé du mot Mimet en majuscules de sable.

 

          4) La Révolution

          La vente des biens confisqués en exécution de la Constitution civile du clergé ne rapporta que quelques milliers de livres ; les biens du bénéfice de Notre-Dame-des-Cyprès avaient été saisis depuis longtemps par le seigneur, mais le domaine de N.-Dame-des-Anges, appartenant aux Pères de l’Oratoire fut adjugé 116.200 livres (oct. 1795). La commune de Mimet est comprise dans le canton de Gardanne depuis 1790.

 

          5) L’église et Notre-Dame-des-Anges and soon

          L’église paroissiale actuelle a été réparée à la fin du XVIIIe siècle, mais certaines parties sont anciennes ; elle renferme une copie de la Transfiguration de Raphaël, un bas-relief en bois sculpté représentant les Disciples d’Emmaüs, une statue en marbre blanc de N.-D.-des-Anges, une balustrade de chœur en fer forgé, style Louis XV, avec deux médaillons, provenant de l’ermitage de N.-D.-des-Anges. Cet ermitage fut fondé vers 1220 par le frère Jean, d’Aix, qui se retira dans la grotte dite Baoumo Vidalo, située à 530 m. d’alt., sur le versant oriental de la chaîne de l’Etoile. L’église est formée par la grotte elle-même, mais agrandie par les ermites. Au-devant une terrasse gazonnée est bordée par les ruines de l’ancien couvent des Oratoriens, qui avaient succédé aux ermites de 1640 à 1790. Au-dessus de la grotte, chapelle aérienne, dite du Paradis. Près de Mimet, ruines de Notre-Dame-des- Cyprès, de la chapelle de St-Sébastien. L’ancien château, encore habité en partie, a la forme d’un hexagone régulier, d’une surface de près de 3000 m2 avec cours à l’E. et à l’O. ; il représente des spécimens du style ogival et du style renaissance dus à des restaurations successives. Mairie construite en 1900, montrant à l’intérieur, une plaque commémorative d’un ancien maire, M. Piston. Les écoles datent de 1880.

 

          6) Papiers

          Archives : deux cadastres, de la fin du XVIe siècle et de 1733 ; les délibérations communales remontent à 1660 ; les registres paroissiaux, à 1643. 

 

          7) Une grande commune

          La commune a une superficie de 1874 ha ; la chaîne de l’Étoile la divise en deux parties : au S. se trouve N.-D.-des-Anges, au N. le village. Le point culminant, le Puech de Mimet a 754 ha. Tous les torrents du Puech vont au N. se jeter dans le ruisseau de St-Pierre et le Grand Vallat, affluents de l’Arc. La partie méridionale envoie ses eaux au Jarret et à l’Huveaune. »

       

                                                                                   Henri de Gérin-Ricard

          HISTOIRE COURTE DE MIMET

 

          Il y eut trois Mimet successifs.

 

          L’un, vers le VIe ou le Ve siècle avant Jésus-Christ, le premier, un oppidum ou place forte, la « Teste de l’Ost », fut évacué à la fin du IIe siècle avant J.-C. sous l’autorité romaine. Murailles et tours de pierres furent démantelées.

  

          Aux Xe et XIe siècles, vint le temps de la féodalité. Celui des seigneurs. Les premiers connus se nommaient Guibert et Bonfils. En échange de leur protection armée, ils réclamèrent le travail : tailler la colline de notre Mimet, édifier le château peu à peu, l’église, sans doute la grande salle voûtée de la Maison de la Mémoire, dégager une place avec, autour, les maisons, chacune étant unité de production. Et tracer la rue, en spirale coquille d’escargot ! Il y eut Vidiamus, Pelet d’Esparron, Guillaume de Candolle… À partir de 1409, ce sont les Chaussegros, Pierre, Boniface, Jean d’Estienne… jusqu’en 1701. Mais en 1589, c’est la prise du château par le duc d’Épernon, un prédateur sans foi ni loi. En 1593 et 1595, Épernon ravage Mimet : il restera l’église et les caves.

          La renaissance du village se fera lentement et s’achèvera avec les Régusse-Grimaldi, entre 1710 et 1771 grâce au travail des Mimétains qui rebâtirent. Au XVIIIe siècle, ils vivaient de la culture, de l’élevage et de l’exploitation du bois.

          C’est alors que commença le temps des De Gras de Prégentil, seigneurs actifs et procéduriers qui firent bien des misères aux Pères de l’Oratoire installés à Notre-Dame-des-Anges : place religieuse d’importance, née en 1220 de l’ouvrage des ermites franciscains. On y verra Pierre de Lune, un antipape, en 1398, où il y célébrera la messe.

         Puis c’est la révolution. Les vieilles familles de Mimet deviennent propriétaires, les seigneurs disparaissent, le « Château Vieux » est partagé, une partie du mobilier de Notre-Dame-des-Anges vient à l’église du village, dont les santons de la première crèche provençale de 1644. Château-Bas passe de mains en main. Ce fut le temps des remous même si le zèle révolutionnaire semble rester modéré.

          Après la tourmente, Mimet retrouve sa vie faite d’agriculture, d’élevage et de mise en valeur de la forêt. Jusqu’à la mine : fin XIXe et  XXe, la lignite, le charbon de Gardanne, prend de plus en plus de place. Peu à peu, on abandonne les terres, on travaille, puits Biver, puits Germain… On trace de nouvelles routes, c’est la naissance des Moulières. La guerre fauche une génération, puis la seconde vient, on meurt encore.

          Survivre est la loi. Très vite, le temps des estivants de Marseille arrive dans les années cinquante. On reconstruit, on modernise, en 1952 c’est le « boulanger de Valorgue », l’eau à la pile en 1957, on cohabite, les Moulières grossissent.

          Bientôt, Mimet enfante des quartiers de maisons, le Gassin, la Source, la Diote… Mimet grandit. En 2003, la mine ferme. Mimet devient refuge, loin des villes, le plus haut village des Bouches-du-Rhône, à deux pas du désert de l’Étoile, sous le vol des canadairs et le regard des aigles. 

          Le second fut installé vers le quartier du Reygalé et des Vignes Basses. Les Mimétains d’alors travaillaient pour le service d’une villa gallo-romaine où l’on cultivait l’olivier pour l’huile, les vignes pour le vin et les grains, aussi les pois chiches, les oignons. C’était la « pax romana ».

          Mais Rome finit par s’éloigner. Les Mimétains restèrent sans défense, hormis Notre-Dame-du-Cyprès en sa chapelle au milieu d’un cimetière : ni mur, ni rempart. On survivait malgré les dangers constants et l’insécurité…

          Aux Xe et XIe siècles, vint le temps de la féodalité. Celui des seigneurs. Les premiers connus se nommaient Guibert et Bonfils. En échange de leur protection armée, ils réclamèrent le travail : tailler la colline de notre Mimet, édifier le château peu à peu, l’église, sans doute la grande salle voûtée de la Maison de la Mémoire, dégager une place avec, autour, les maisons, chacune étant unité de production. Et tracer la rue, en spirale coquille d’escargot ! Il y eut Vidiamus, Pelet d’Esparron, Guillaume de Candolle… À partir de 1409, ce sont les Chaussegros, Pierre, Boniface, Jean d’Estienne… jusqu’en 1701. Mais en 1589, c’est la prise du château par le duc d’Épernon, un prédateur sans foi ni loi. En 1593 et 1595, Épernon ravage Mimet : il restera l’église et les caves.

          La renaissance du village se fera lentement et s’achèvera avec les Régusse-Grimaldi, entre 1710 et 1771 grâce au travail des Mimétains qui rebâtirent. Au XVIIIe siècle, ils vivaient de la culture, de l’élevage et de l’exploitation du bois.

          C’est alors que commença le temps des De Gras de Prégentil, seigneurs actifs et procéduriers qui firent bien des misères aux Pères de l’Oratoire installés à Notre-Dame-des-Anges : place religieuse d’importance, née en 1220 de l’ouvrage des ermites franciscains. On y verra Pierre de Lune, un antipape, en 1398, où il y célébrera la messe.

         Puis c’est la révolution. Les vieilles familles de Mimet deviennent propriétaires, les seigneurs disparaissent, le « Château Vieux » est partagé, une partie du mobilier de Notre-Dame-des-Anges vient à l’église du village, dont les santons de la première crèche provençale de 1644. Château-Bas passe de mains en main. Ce fut le temps des remous même si le zèle révolutionnaire semble rester modéré.

          Après la tourmente, Mimet retrouve sa vie faite d’agriculture, d’élevage et de mise en valeur de la forêt. Jusqu’à la mine : fin XIXe et  XXe, la lignite, le charbon de Gardanne, prend de plus en plus de place. Peu à peu, on abandonne les terres, on travaille, puits Biver, puits Germain… On trace de nouvelles routes, c’est la naissance des Moulières. La guerre fauche une génération, puis la seconde vient, on meurt encore.

          Survivre est la loi. Très vite, le temps des estivants de Marseille arrive dans les années cinquante. On reconstruit, on modernise, en 1952 c’est le « boulanger de Valorgue », l’eau à la pile en 1957, on cohabite, les Moulières grossissent.

          Bientôt, Mimet enfante des quartiers de maisons, le Gassin, la Source, la Diote… Mimet grandit. En 2003, la mine ferme. Mimet devient refuge, loin des villes, le plus haut village des Bouches-du-Rhône, à deux pas du désert de l’Étoile, sous le vol des canadairs et le regard des aigles. 

           LE DROIT D'ÉPINGLE, ou, L'OFFRANDE D'UN ROITELET: LA PÉTOUSO

          Un vieux droit d'origine féodale, il se pratiqua au moyen âge et

jusqu'à lamort de Madame de Gras de Prégentil, dite la Dame de Mimet.

Il s'agit d'un"impôt" versé par les jeunes gens du village. Pour la Noël,

une députationmontait au château pour offrir quelques piécettes

symboliques à la Dame deMimet : cet argent lui servirait à s'acheter

quelques épingles pour attachertelle ou telle pièce de sa vêture.

Les Mimétains faisaient don aussi d'une"pétouse", ou roitelet : un oiseau dans sa cage. La Dame rendait la liberté audit roitelet. En remerciement, elle offrait une "lucrative bona mane" ou "bonne manière" aux jeunes gens qui s'étaient donné cette peine : ils en faisaient un beau banquet ! Et ce, jusqu'en 1825.

          Mais, il est remarquable de constater que le roitelet, ou "pétouse", est le symbole de la classe sacerdotale, les prêtres, c'est-à-dire, dans le lointain passé, les druides ! Ailleurs, ce fut le roi des oiseaux car il chante plus fort que les autres à l'aurore, au lever du soleil. Une survivance étrange qui reconnaissait l'autorité du seigneur, à travers sa Dame et qui rejoignait d'anciennes croyances celtiques voire préhistoriques, peut-être même chamaniques.

          Frédéric Mistral en parle dans son dictionnaire "Lou Tresor dòu Felibrige", il écrit : "... offrande qui était faite par la jeunesse au prieur décimateur (dîme) du pays la veille de Noël ou du premier janvier ... Les jeunes lui présentaient ... en lui disant : "aven la petouso". En échange, ils recevaient du curé la somme de trois livres tournois. Le chasseur qui prenait la "petouso" devenait abbé de la jeunesse." 

       PROTESTANT OU CATHOLIQUE ?

       La question est posée : depuis que le seigneur de Mimet fut capturé par Ampus, lieutenant d'Épernon, ligueur, c'est-à-dire catholique ultra, durant les guerres de Religion. Ce que fit Épernon de Jean d'Estienne de Chaussegros, il l'amena en Aix où ce dernier fut pendu sur la Place des Prêcheurs : traitement infâmant pour un noble ; mais, Épernon n'avait de noble que le qualificatif.

       En fait, pour beaucoup, si des ligueurs attaquaient, en 1589, une forteresse ou un village, ce ne pouvait être que parce qu'elle était tenue par des protestants ! Si l'on se réfère à la rubrique "Jean d'Estienne de Chaussegros" on verra que la vérité est autre. Jean avait choisi de se ranger derrière Henri de Navarre, le futur Henri IV qui dit un jour, "Paris vaut bien une messe", c'est dire que si Henri fut protestant, il était d'abord un homme d'État : il se convertit pour devenir Roi de France, mais ceci ne calma nullement Épernon. Si celui-ci commanda à d'Ampus d'attaquer Mimet, c'était non zèle religieux mais pour assouvir une vengeance et éliminer un partisan du roi qu'il ne voulait pas : il ne servait que des intérêts personnels. Mais, de là est née l'affirmation que les seigneurs de Mimet furent protestants.

       Ce qui, en soi, n'aurait rien d'anormal. Mais, si l'on examine les rapports de ces seigneurs successifs avec Notre-Dame-des-Anges, on constatera que l'appartenance du château à la Réforme est illusoire.

       Le 22 mars 1526, Marc Froissard de Chaussegros établit un nouveau bail avec la Confrérie des luminaires de Notre-Dame-des-Anges qui gère le temporel des ermites. Il est écrit "pour le prix de duorum pagellorum, reçus comptant, et au cens annuel d'un patat payable aux Kallendes" : il s'agit de deux poissons de mer pour 80 kilos de marchandises, de pagels, poisson qu'on trouve en Méditerranée et qui a des dents pointues. On est en carême, le mois de mars. Et les protestants ne font pas le carême ! Quant au patat, c'est une monnaie symbolique.

       Le 9 mai 1604, avec Peiresc comme témoin, signature d'un bail entre les seigneurs de Mimet et les ermites camaldules venus de Toscane ; contrat entre les représentants des ermites et les frères Chaussegros, Cosme d'Estienne et Jean d'Estienne. Ce dernier reçoit 54 sous, plus "un livre de prières ou d'heures et un chapelet qui servira de redevance" : les protestants ont la Bible et des livres de psaumes, et pas de chapelet ! Cosme reçoit 110 livres tournois, payées par Peiresc.

       La forteresse aurait été prise le 22 août 1589 parce qu'elle était peuplée de protestants ! Quinze années plus tard, dans la même famille, que sont-ils devenus ?

       Le 17 mars 1618, quatorze ans plus tard, Esprit d'Estienne renouvela en faveur des ermites, cette fois des franciscains, le bail de 1604, "sous réserve du droit de sépulture dans leur église et à la condition qu'ils diraient des prières pour lui et les siens". Qu'un protestant souhaite être enterré chez des religieux catho-liques et que ceux-ci prient pour lui et sa famille est étonnant !

       En 1625, le 1er mars, les moines achètent des terrains au seigneur de Mimet, celui-ci, dans le contrat, "se réserve une chambre pour lui ou pour ses officiers (...) ses armoiries doivent être placées sur le frontispice des portes de l'église."

       De plus, le culte marial n'est pas de mise chez les protestants et celui-ci s'affirme toujours plus à Notre-Dame-des-Anges. On cite, vers 1632, "une image en argent de la Sainte Vierge d'un pan et demi de haut avec son piédestal en ébène."À Mimet, l'église est dédiée à Notre-Dame de la Nativité, c'est-à-dire à la Vierge, jusqu'au XVIe siècle : c'était l'église où les seigneurs venaient prier !

       S'il y eut des protestants à Mimet, ils furent plus que discrets...

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