LA PLACE DE LA DIOTE
En 1605 on est du Diot, que l’on écrit aussi Dilhot. Ce toponyme devient nom de famille : Honorade Dilhote voit son fils tué par la « foudre du ciel » en 1636. Plus tard, en 1733, on écrit la Dillotte et c’est Monsieur De Gras qui répète en 1790 « la Dillotte ou la Diote ». Il s’agit de l’inventaire de ses biens réalisé après la fin du régime féodal. On lit, à l’article 18, « le moulin à vent, quartier de la Dillotte ou Diote, estimé 170 livres. »
L’une des bastides de la Dillotte au moins a survécu. Fière bâtisse construite sur un éperon rocheux avec caves, étage sur rez-de-chaussée et paillère, le tout en pierres et avec grand escalier au-dedans. L’un des propriétaires est Félix Maurin ; son ancêtre, Claude Maurin, l’acheta en 1779. A son pied, une placette. Aire de stationnement ? Il faut écouter, regarder, tout parle.
Juste à côté, une belle croix en fonte sur socle appareillé : mission de 1866. Tout contre, l’ancien bassin qui recevait une source captée plus haut et alimentait la fontaine. Ce temps est fini, bassin à sec, fontaine disparue lorsque l’eau est arrivée à « la pile ». Il reste un puits bâti, par-dessous, au Chemin du Puits. On y buvait le pastis après les boules le dimanche, parties qui se faisaient sur l’ancien pailler. Car ici, on avait quatre aires à battre le grain, plus les vignes qui donnaient le vin, beaucoup d’amandiers. Les amandes de la Diote étaient assez réputées pour être vendues à Aix en amandons frais pour la fabrication des calissons ou du sirop d’orgeat, spécialités aixoises. Et tout passait par cette placette. Comme les enfants qui partaient, à pied, pour l’école de Mimet et à trois bons kilomètres ! Ou la « Rosalie » de Baptistin Ludovic Ursule, boucher de son état et qui livrait ses morceaux aux gens de la Diote ! Sans oublier les chasseurs en route jusqu’à La Débite, sous Notre-Dame des Anges : les spécialistes des grives ou même de la bécasse, du lapin, parfois du sanglier ; un monde où l’on marchait beaucoup ! Pas loin de 15 à 20 kilomètres pour ramener une grive. Autour de la placette, on se souvient de tout : du petit lavoir qui a disparu, de Conti, le maçon qui l’a construit et qui chantait si bien en provençal, de la charrette qui ramenait le raisin, de l’alambic pour faire « la blanche » et des saucisses piquées à l’eau-de-vie ! Même de la petite épicerie car le bonheur était dans la colline. Il y est peut-être encore !
Bernard Duplessy